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Les bienfaits de la méditation reconnus par la science


Les bienfaits de la méditation reconnus par la science

Les progrès des neurosciences ont permis de démontrer que la méditation modifie en profondeur la structure et le fonctionnement du cerveau.


Compassion, bienveillance, meilleure résistance au stress et à la dépression… Nombreux sont les bienfaits attribués désormais à la méditation. Et aujourd’hui, ce sont les chercheurs qui le disent. Une reconnaissance somme toute assez récente, qui doit beaucoup aux recherches entreprises il y a une trentaine d’années aux États-Unis: à l’époque, le Français d’origine chilienne Francisco Varela a créé un institut visant à faire dialoguer science et bouddhisme: l'institut Mind and Life (Science et Vie).

Avec le chercheur américain Richard Davidson et l’appui du Dalaï-Lama, il a entrepris d’étudier de très près le cerveau de méditants par des techniques d’imagerie cérébrale. Les premiers résultats concluants ont été publiés dans des revues scientifiques renommées. Que nous apprennent-ils?


L’effet de l’entraînement

Comme le souligne le neuroscientifique français Antoine Lutz, qui a autrefois participé avec Richard Davidson à ces études, la pratique soutenue de la méditation se traduit par une réorganisation de l’activité des circuits cérébraux qui sous-tendent la régulation de l’attention et des émotions. Autrement dit, la structure et le fonctionnement du cerveau se transforment avec l’entraînement à la méditation. 

De la même manière que la région cérébrale dévolue au mouvement des doigts s’agrandit chez un pianiste au fur et à mesure qu’il apprend à jouer, les aires cérébrales que sollicite le méditant se développent avec la pratique méditative. Ces différences d’activation ou de volume du cerveau reflètent notamment un plus grand développement des connexions neuronales dans cette région.


Moins d’efforts pour rester concentré

Dans le détail, avec des méthodes d’imagerie cérébrale (IRMf, imagerie par résonance magnétique fonctionnelle), Wendy Hasenkamp et ses collègues de l’université d’Emory, aux États-Unis, ont mis en évidence des cycles de quatre phases, activant différents circuits, lors d’une méditation focalisée sur la respiration

Dans la première, l’esprit vagabonde en se remémorant des souvenirs ou en se projetant dans l’avenir et l’activité du cerveau augmente dans un circuit dit du «mode par défaut»: ce circuit est à l’œuvre quand notre cerveau est censé être au repos et met en lien des régions parfois très éloignées (comme le cortex préfrontal médian et le lobe pariétal inférieur, par exemple).


La seconde phase, qui est celle où l’on prend conscience d’avoir été distrait, active d’autres régions cérébrales (insula et cortex cingulaire antérieur), issues d’un réseau qualifié «de saillance»: la conscience se réoriente vers ce qui est saillant, l’origine de la distraction, via la régulation des sensations.

Vient ensuite une troisième phase, où l’attention se détache vraiment de tout ce qui peut être source de distraction et où s’activent encore d’autres circuits (cortex préfrontal dorso-latéral, lobe pariétal inféro-latéral).

Enfin, dans la dernière phase, le méditant se concentre pleinement sur sa respiration, ce qui se traduit par une activité encore accrue dans le cortex préfrontal dorso-latéral.


L’amélioration par la pratique

Ces résultats sont peu ou prou ceux qu’ont obtenus Antoine Lutz et ses collaborateurs à l’université du Wisconsin. A ce détail près que les chercheurs ont comparé le cerveau de méditants novices et experts (ces derniers comptent entre 10.000 à 60.000 heures de pratique) et prouvé, d’une part, que l’activité liée à l’attention était en moyenne plus soutenue chez les seconds et que, d’autre part, l’amplitude était moins forte parmi les méditants les plus chevronnés, c’est-à-dire qu’il leur faut moins d’efforts pour rester concentrés. 

L’équipe d’Antoine Lutz s’est également intéressée aux réactions de méditants après une retraite de trois mois et constaté en utilisant des marqueurs par électroencéphalographie «que la pratique intensive de la méditation permet d’améliorer la vigilance et la stabilité de l’attention».

Mais ce n’est pas tout. Ces chercheurs se sont intéressés à une autre forme de méditation, dite de compassion et de bienveillance, et ont pu confirmer que, chez les pratiquants expérimentés, elle allait de pair avec une activation plus forte des régions cérébrales dévolues à l’empathie. 


Réduction de l’anticipation anxieuse

Enfin, ils ont étudié la perception de la douleur physique chez des méditants adeptes de longue date de la méditation pleine conscience. Ils se sont aperçus que, pour ces derniers, juste avant le stimulus douloureux, il y avait une activité moindre dans des aires cérébrales liées au stress et à l’anxiété (cortex insulaire et amygdale), ce qui suggère une réduction de l’anticipation anxieuse de la douleur chez eux. De fait, la douleur est la même, mais c’est le rapport à la douleur qui change: elle n’est pas perçue de la même manière, elle dérange moins, ce qui n’est pas sans rappeler les effets de l’hypnose. 

Ces découvertes sont déjà utilisées, notamment dans les centres de soin de maladies graves et douloureuses comme le cancer, avec des résultats intéressants sur les patients. Mais la différence et la similarité entre ces deux pratiques sont encore mal comprises. On ne s’étonnera donc pas que le projet qui occupe actuellement Antoine Lutz, au Centre de recherche en neurosciences de Lyon, consiste à établir des ponts entre hypnose et méditation…

Par Christophe Doré


(source : http://sante.lefigaro.fr/article/les-bienfaits-de-la-meditation-reconnus-par-la-science/)

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